La rédaction de Ouest-France va suivre pendant trois mois, une petite dizaine de personnes éloignées de l’emploi ou bénéficiaires du RSA, qui pratiquent le théâtre d’improvisation pour monter sur scène et jouer un spectacle. Ce lundi 30 septembre 2024, avait lieu, à Flers (Orne), le second atelier de « Théâtre en action », un dispositif de la compagnie Passerelles théâtre.
Après avoir patienté dans le couloir de la maison d’activités Émile-Halbout, à Flers (Orne), Benoit Riffi pousse la porte de la pièce où ses complices l’attendent, figés. Tous ont adopté une place et une posture différente.
L’enquêteur les observe et avance une première déduction : « On est dans une usine ? ». Samuel Desfontaines, comédien et metteur en scène, répond par la négative, puis propose aux participants de mimer leur activité. En voyant deux de ses acolytes feindre de jongler, Benoit Riffi devine : « C’est un cirque ! » Le groupe rit tandis que leurs rôles sont déclinés : là, Madame Loyal, ici, une ouvreuse, ici encore, un dompteur…
Ce lundi 30 septembre 2024, avait lieu à Flers le second atelier de « Théâtre en action », un dispositif de la compagnie Passerelles théâtre, basée à Argentan, qui a pour objectif de faire découvrir le théâtre aux personnes éloignées de l’emploi, bénéficiaires du RSA, jeunes ou habitants de quartiers prioritaires.
À Flers, pendant la douzaine d’ateliers programmés ces prochains mois, les protagonistes créeront ensemble un spectacle qui sera présenté, jeudi 19 décembre, à la salle Madeleine-Louaintier.
« On rigole beaucoup »
Dans la matinée de lundi, les sept participants ont répété plusieurs fois l’exercice, mimant et se faisant deviner, au gré de leurs inspirations, des scènes dans un supermarché, une crèche, sur un chantier au bord de la route ou un plateau de tournage. Les éclats de rire et les taquineries fusent.
La dernière fois que Benoit Riffi a fait du théâtre, c’était « en 1996 », dans la pièce d’une amie. Il avait appris par cœur son texte au dernier moment. « J’avais un sacré trac, se souvient-il. Arrivé sur scène, ça a disparu soudainement ».
C’est son assistante sociale qui lui a parlé de « Théâtre en action ». « Elle a pensé que ça pouvait me plaire. Elle savait que j’étais un peu artiste, que je faisais de la musique. J’ai dit oui, avec plaisir, raconte le Flérien, âgé de 58 ans. C’est une façon de me lancer un défi. »
Après les deux ateliers « d’exercices, d’improvisations, de lâcher prise », il a « envie de continuer ». Il ajoute : « Je trouve ça thérapeutique parce qu’on rigole beaucoup. » L’homme se dit « curieux de voir ce qu’on va faire » pour le spectacle prévu à la fin de l’année, mais aussi de savoir « comment je serai dans ma peau après le mois de décembre ».
« J’ai toujours adoré ça »
De son côté, une autre participante, Céline Saillard, explique : « Je voulais faire du théâtre. Je suis quelqu’un qui a très peu confiance en moi. » La Flérienne, âgée de 42 ans, apprécie la « bonne ambiance dans le groupe ». Franck Pichard, âgé de 54 ans, est, lui, un habitué des planches. Dans un autre groupe de théâtre, « j’en fais souvent », détaille-t-il. Son assistante sociale lui a donc tout naturellement parlé du dispositif. « J’ai toujours adoré ça », lance-t-il.
« Il y a une bonne ambiance. C’est la deuxième séance, c’est encore tout frais, commente de son côté Samuel Desfontaines, qui anime les ateliers. Ils ont l’air de s’amuser et, pour moi, c’est le principal. Tout en travaillant et en ayant un objectif. » Celui « de faire découvrir le théâtre au plus grand nombre, de construire quelque chose. Le spectacle va venir d’eux. »
Ouest France 2 octobre 24 Laure BESNIER.