Normandie. La culture de tous pour tous
La Région Normandie a organisé ce vendredi, à l’Imec, près de Caen, une journée consacrée aux droits culturels. Son ambition : favoriser l’accès à la culture au plus grand nombre et permettre une plus grande diversité.
Muriel Homo a une envie : apprendre à jouer de la musique. La sexagénaire, malvoyante, n’a pas trouvé dans la métropole de Rouen de professeur en mesure de lui permettre de déchiffrer une partition. Muriel Homo a pourtant un bon réseau : elle dirige le pôle ressources culture-handicap du groupement pour l’insertion des handicapés physiques de Normandie.
Comment permettre l’accès du plus grand nombre à la culture ? Comment assurer la diversité des modes d’expression ? Comment veiller à la représentation de cette diversité ? Comment permettre la culture tout au long de la vie ? Ce sont quelques-unes des nombreuses questions auxquelles ont réfléchi les acteurs normands du secteur de la culture qui étaient réunis vendredi 25 mai 2018 à l’abbaye d’Ardenne, près de Caen.
« Toute personne, aussi bien seule qu’en commun, a le droit d’accéder et de participer librement, sans considération de frontières, à la vie culturelle à travers les activités de son choix », dit l’article 5 de la déclaration de Fribourg, adoptée en 2007, qui définit les droits culturels. « La culture est une priorité de l’action publique, martèle Emmanuelle Dormoy, vice-présidente du conseil régional et adjointe à la culture à Caen. L’objet de cette rencontre est d’ouvrir le dialogue entre les collectivités, les acteurs du monde culturel et les artistes. »
Un des enjeux pour les programmateurs, souligne Loïc Lachenal, qui dirige l’opéra de Rouen, est de combiner « le populaire, le sophistiqué et l’exigence ». À Caen, le théâtre a vécu cette semaine « un moment bouleversant » quand 1 000 enfants de tous les quartiers ont chanté « à gorges déployées » les airs d’opéra du Petit Ramoneur , quatre représentations durant.
Clotilde Labbé, de la compagnie Passerelles, invite à ne pas déprécier ces moments de partage. Pendant un an et demi, elle a répété son spectacle sur la parentalité, avec des habitants, dans les centres sociaux de l’Orne. « Nous sommes financés par la politique de la ville mais pas programmés par la saison culturelle municipale. Les Scènes nationales n’étaient pas là. Nous sommes des artistes, pas des médiateurs. »
Projet partagé, tarifs réduits, travaux d’accessibilité… L’ambition que nourrit la Région est large. « Il nous faut parler aussi de choses transversales comme les transports si on veut faciliter l’accès à la culture », souligne Emmanuelle Dormoy. La Région n’exclut pas de fixer aux structures qu’elle soutient des objectifs ces prochaines années.
Stéphanie SEJOURNE DUROY
Ouest France