Clotilde Labbé, alias Pirouette, a écrit son premier solo de clownesse. Elle a présenté son spectacle au Quai des arts d’Argentan après un an de travail.
À 50 ans, Clotilde Labbé a décidé de se lancer dans un « autre univers ». La native de Paris, actuellement directrice de la compagnie Passerelles théâtre d’Argentan (Orne), a joué, mercredi 22 et jeudi 23 janvier, au Quai des arts, son premier solo de clownesse.
« Je n’aime pas la routine », commence Clotilde Labbé. « J’aime me mettre en danger et sortir de ma zone de confort en me lançant de nouveaux défis. En devenant clownesse, je pense avoir réussi cela. »
« On ne joue pas un clown, on est un clown »
Car même si elle s’est formée à l’école de théâtre à Paris, la comédienne reconnaît les difficultés proposées par le monde clownesque.
« Cela demande énormément de temps au niveau de l’écriture », avoue Clotilde Labbé. Après avoir participé à de multiples stages de clown, la Parisienne de naissance travaille sur son texte depuis février 2024.
Mais en plus de l’écriture, le jeu de clown se distingue de celui du comédien classique.
Vous devez faire cohabiter l’autrice, la comédienne et la clownesse. Il y a une sorte de schizophrénie à gérer. Un spectacle de clown est une œuvre très personnelle.Clotilde Labbé, clownesse.
« On ne joue pas un clown, on est le clown. C’est différent lorsque vous êtes comédien car vous jouez une œuvre déjà écrite. »

Une clownesse « émotionnelle »
L’année dernière, l’autrice a donc donné naissance à Pirouette, son alter ego sur scène. « C’est une clownesse émotionnelle, mais qui peut aller dans le triste. Néanmoins je dois quand même faire rire. »
Il y a de l’émotion avec le public mais il a pour l’instant plus envie de prendre la clownesse dans ses bras et de la réconforter.Clotilde Labbé.
Encore novice dans le solo, la quinquagénaire a déjà identifié ses axes d’amélioration. « J’ai envie de bien faire, donc je suis encore un peu trop scolaire. Je dois plus laisser la clownesse s’exprimer, quitte à sortir un peu du texte. »
Un spectacle à 7 ans
Néanmoins, Clotilde Labbé peut compter sur sa passion du spectacle, découverte dès son plus jeune âge. « J’avais fait un spectacle lors de la kermesse de mon école lorsque j’avais 7 ans », se souvient Pirouette.
« J’avais adoré. Cela m’avait donné l’envie de faire du théâtre. » Lors de son cursus théâtral, l’étudiante a découvert la clownerie et ses particularités.
Même s’il est humain, le clown est un être à part et il fait rire parce qu’il essaye d’être comme tout le monde.Clotilde Labbé.
Accepter le rire de l’autre
Néanmoins, son expérience en tant que comédienne lui permet d’appréhender plus rapidement les difficultés.
« Il faut faire preuve d’auto-dérision et prendre de la distance avec nos failles car les gens rigolent et se moquent de cela », explique Clotilde Labbé.
Et il n’y a pas de honte à cela puisque comme Roland Topor, ancien illustrateur français, disait : « L’erreur, comme le rire, est humaine. »
Clownesse en toutes situations

Avant de se lancer dans son premier solo de clown, Clotilde Labbé, alias Pirouette, avait déjà enfilé son nez rouge lors d’événements ponctuels comme le forum des associations d’Argentan en septembre dernier. « J’avais adoré. J’avais notamment fait la course avec des enfants et joué avec eux avec des ballons géants. »
À l’opposé de ces moments festifs, Pirouette a aussi usé de ses pitreries à l’hôpital de Falaise à Noël. « Il y a environ 5 ans, J’avais rencontré des enfants avec des maladies rares. Les plus petits avaient 2-3 ans et ce n’était pas une expérience facile. Je me souviens notamment d’un enfant qui ne pouvait pas bouger dans son lit et qui pouvait juste cligner des yeux. Il y avait beaucoup d’émotions. »
Le journal de l’Orne Par Julien Boissel Publié le 7 févr. 2025 à 6h32